Collectivité et Précarité alimentaire
Interview de Lucette Barthélemy, experte en promotion de la santé, co-rédactrice de l'outil national Classeur « Alimentation atout prix », formatrice sur la thématique de la précarité alimentaire
Aujourd'hui, quelles sont les populations les plus atteintes par la précarité alimentaire ?
" L'alimentation constitue la première variable d'ajustement du budget quotidien des ménages, et plus de 8 millions de Français font partie d'un foyer se déclarant en insécurité alimentaire pour des raisons financières.
En France, selon l'INSEE, presque 15% des Français vivent sous le seuil de pauvreté en 2019. Cela concerne aussi bien les étudiants, les retraités, ou les jeunes et en particulier ceux vivants dans une famille monoparentale.
Des millions de Français ont recourt à l'aide alimentaire, ils étaient 7 millions en 2020 selon le comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa). Ce chiffre est sous-estimé par rapport aux besoins réels, la demande d'aide alimentaire restant une démarche souvent difficile ou mal connue. Le réseau des Banques alimentaires est l'un des principaux réseaux qui aide des millions de Français en situation de précarité alimentaire chaque année. "
En France, selon l'INSEE, presque 15% des Français vivent sous le seuil de pauvreté en 2019. Cela concerne aussi bien les étudiants, les retraités, ou les jeunes et en particulier ceux vivants dans une famille monoparentale.
Des millions de Français ont recourt à l'aide alimentaire, ils étaient 7 millions en 2020 selon le comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa). Ce chiffre est sous-estimé par rapport aux besoins réels, la demande d'aide alimentaire restant une démarche souvent difficile ou mal connue. Le réseau des Banques alimentaires est l'un des principaux réseaux qui aide des millions de Français en situation de précarité alimentaire chaque année. "
Mme Barthélemy précise que, lors du dernier Cocolupa tenu en décembre 2021, des groupes de travail ont été créés pour impulser des réflexions autour de cette problématique : caractérisation de la précarité alimentaire, clarification de la gouvernance nationale et territoriale, mutualisation des connaissances et des bonnes pratiques, partenariats entre les différents acteurs, accessibilité à une alimentation favorable à la santé, …
La lutte contre la précarité alimentaire fait-elle partie d'une politique nationale ?
" Depuis la loi dite « EGAlim » de 2018, la lutte contre la précarité alimentaire est définie dans le code de l'action sociale et des familles. Cette politique s'insère dans des programmes nationaux relatifs à l'alimentation, à la nutrition et à la santé. "
L'experte cite ici :
- Le programme national nutrition santé 4 (PNNS 4)
- Le programme national pour l'alimentation (PNA)
- La politique de lutte contre la pauvreté portée par les ministères des solidarités et de la santé (disponible ici), en particulier à l'égard des plus jeunes enfants dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.
Puis, elle précise que cette politique de lutte contre la précarité alimentaire passe par divers axes incluant plusieurs ministères publics :
- La préservation de l'environnement avec le ministère de la transition écologique qui oeuvre pour une alimentation durable et de qualité
- La lutte contre le gaspillage alimentaire avec le ministère de l'agriculture et de l'alimentation
- La mise en oeuvre des projets alimentaires territoriaux (PAT) avec le ministère de la cohésion des territoires, dont l'objet est de favoriser les circuits courts, allant du producteur au consommateur
Quelles seraient vos recommandations pour atteindre ces publics ?
" Il est indispensable d'aller vers les personnes en situation de précarité et non d'attendre qu'elles viennent demander une aide. Il faut aller à leur rencontre, initier des échanges et créer une relation de confiance. Il est recommandé de proposer au maximum des actions participatives qui permettent de redonner le pouvoir à l'individu. Cela lui permet d'avoir la sensation de retrouver sa place dans la société. "
Avez-vous des conseils sur la meilleure façon d'aborder les sujets de santé spécifiquement pour ce public ?
" Il est important d'être dans une démarche et un discours positif qui valorisent les éléments porteurs de santé. La meilleure manière d'atteindre les publics en situation de précarité est de parler du pouvoir faire. Les ateliers collectifs permettent de travailler sur des réponses coconstruites qui prennent en compte les problématiques d'accessibilité et de compétences existantes. "
Comment les collectivités peuvent-elles lutter contre cette précarité alimentaire ?
" Le lancement du plan d'actions de transformation de l'aide alimentaire et de lutte contre la précarité alimentaire, co-construit par les membres du Cocolupa, a permis de mettre en avant des mesures concrètes et de les renforcer.
Par exemple, l'un des objectifs de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté est de mettre fin à la spirale de la pauvreté en mettant en place la tarification sociale des cantines qui bénéficie depuis le 1er avril 2019 aux enfants les plus pauvres des communes et intercommunalités disposant d'un soutien spécifique de l'Etat. La distribution des petits déjeuners à l'école participe également à la politique de lutte contre la précarité alimentaire.
Les collectivités se doivent, avec leurs acteurs du territoire, d'organiser des environnements nutritionnels de qualité accessibles en termes économique et organisationnel. Cela peut passer par une diversité d'actions. "
Mme Barthélemy développe quelques exemples d'actions concrètes : la mise à disposition de points d'eau du robinet, de produits locaux, d'activités de mobilité sécuritaires … Elle parle aussi de la possibilité de déployer des partenariats avec des associations solidaires et citoyennes, des jardins partagés ou pédagogiques, de mettre en place des ateliers cuisine pour valoriser le fait maison ou encore des ateliers de transformation alimentaire et de recyclage.
Mme Barthélemy développe quelques exemples d'actions concrètes : la mise à disposition de points d'eau du robinet, de produits locaux, d'activités de mobilité sécuritaires … Elle parle aussi de la possibilité de déployer des partenariats avec des associations solidaires et citoyennes, des jardins partagés ou pédagogiques, de mettre en place des ateliers cuisine pour valoriser le fait maison ou encore des ateliers de transformation alimentaire et de recyclage.
Pouvez-vous nous donner un exemple de projet qui peut être valorisé par une collectivité auprès de sa population ?
" Il existe par exemple des projets comme « Manger Malin » qui peuvent être mis en avant par les collectivités auprès des parents via les assistantes maternelles ou les crèches. Ce programme met notamment à disposition des bons de réductions dans les entreprises de la petite enfance partenaires pour les parents d'enfant de moins de 2 ans ayant de faibles revenus. Le site du programme Malin est aussi une ressource très intéressante de recettes accessibles et simples qui peuvent aider les parents en situation de précarité ou non à proposer des repas équilibrés à leurs enfants. C'est d'ailleurs l'une des mesures concrètes de lutte contre la précarité qui a été récemment renforcée grâce au Cocolupa. "