Le médiateur en santé, un dispositif viennois pour promouvoir la santé

Organisme porteur du projet
Ville de Vienne
7 Place de Hôtel de ville
38200 Vienne
MAGNIER-NOIZET Emilie
Chargée de mission politique de la ville
emagniernoizet@mairie-vienne.fr
Statut de la structure / de l'organisme
  • Collectivité territoriale
Thème
  • Alimentation
  • Activité physique
  • Sédentarité
Périmètre du projet
  • Associations locales
  • Etablissements d'accueil du public sans hébergement à vocation sociale
  • Lieux de prévention et d'accompagnement en santé
Couverture géographique
  • Quartier
  • Urbain
Période du projet
  • Reconduit chaque année depuis 2017
Population ciblée
  • Population générale
  • Parents
  • Personnes en situation de précarité ou de vulnérabilité
  • Personnes au chômage
  • Personnes immigrées
  • Personnes atteintes de maladies chroniques
Ages
  • Tous
Sexe
  • Les deux
Nombre de bénéficiaires
  • 272 personnes des quartiers prioritaires de la ville
Type d'activité
  • Information / Sensibilisation
  • Education / Accompagnement / Prise en charge
Contexte
La ville de Vienne dispose de 4 quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville (QPV), et d'un quartier dit de « veille active » (QVA) qui est un ancien QPV. La commune dispose d'un centre communal d'action social (CCAS) et 4 centres sociaux sont installés dans les 3 QPV et le QVA. Ces centres sociaux sont très actifs et proposent aux habitants de la ville de nombreuses activités dont des actions autour de la santé. 
À la suite du constat de l'éloignement des habitants de ces quartiers en termes d'accessibilité aux soins et de prévention santé, la ville de Vienne a souhaité pouvoir les accompagner avec un dispositif adapté à leurs habitudes et au plus proche de leurs besoins. C'est dans ce contexte que, dès 2017, la ville, par l'intermédiaire de ses centres sociaux, a embauché deux médiatrices santé pour accompagner les habitants des QPV et plus particulièrement ceux en situation de précarité, dans leurs démarches en santé. 
La ville s'appuie sur ses médiatrices santé pour réaliser des actions d'aller-vers et rediriger les habitants vers l'ensemble des actions menées en prévention, dont des actions de prévention en alimentation ou en activité physique, en fonction des besoins.
Objectifs
L'objectif premier de la mission de médiation santé consiste à être l'interface de proximité auprès des habitants des QPV, souvent en situation de précarité, qu'elle soit financière, numérique, sociale, ou sanitaire.
Plus précisément, ce dispositif permet :
  • D'orienter les bénéficiaires vers des parcours de soins ou des actions de prévention en santé
  • De lutter contre l'isolement social 

Dans le cadre de la charte d'engagements du PNNS, les médiatrices santé permettent de faire connaitre et de rediriger les habitants des QPV vers des actions de prévention en nutrition. 
Description
Les centres sociaux viennois ont embauché deux médiatrices en santé dont la mission principale est d'accueillir les habitants dans un cadre individuel qui ont besoin d'être accompagnés pour s'inscrire dans un parcours de soins, pour suivre des démarches administratives ou tout autre besoin lié à sa santé. Des permanences individuelles hebdomadaires, gratuite et en accès libre, sur chaque quartier, sont proposées tout au long de l'année.
La médiatrice en santé peut ainsi accompagner les personnes dans des prises de rendez-vous médicaux, les aider à remplir des formulaires pour bénéficier d'aides sociales, les rediriger vers les bons professionnels (de santé dont des diététiciennes et des enseignants en activité physique adaptée, du social ou encore vers de la médiation numérique, écrivain public), … Elle a aussi un rôle à jouer pour améliorer le confort de vie des habitants. Elle peut ainsi rediriger ces personnes vers des actions de prévention menées par différentes structures de la ville. En 2022, elles ont pu, par exemple orienter vers : 
  • des activités de marche réalisées par les  centres sociaux, permettant de lutter contre l'isolement social et d'inciter à la pratique d'activité physique. Pour les seniors, ces sessions permettent aussi de prévenir la perte d'autonomie. Ces structures veillent à programmer ces activités de manière hebdomadaire car, pour certains participants, ces sessions constituent l'unique pratique d'activité physique dans la semaine. Les sorties sont généralement proposées aux alentours du lieu de vie des habitants, ce qui permet une accessibilité pour tous. Les médiatrices santé participent ponctuellement à ces activités pour faire connaitre leur rôle. 
  • des ateliers prévention des chutes pour les seniors, avec une conférence animée par un kinésithérapeute dans les centres sociaux viennois sur cette thématique avant le lancement des ateliers. 
  • des animations estivales autour de l'alimentation et l'activité physique dans les QPV viennois (vélo-smoothie et messages du PNNS, soirées santé et bien-être), c'est l'occasion pour les médiatrices santé de toucher les plus jeunes
  • des évènements au sein des quartiers lors d'Octobre rose : marche d'orientation pour sensibiliser les habitants autour du cancer du sein
  • des séances d'activité physique organisées sur les structures de « Street Workout » pour encourager les plus jeunes à pratiquer une activité physique avec leur environnement proche 
  • des ateliers autour de l'alimentation pour les enfants réalisés par le RéPPOP ( Réseau de Prise en charge Pédiatrique de l'Obésité Pédiatrique) du territoire 

Les médiatrices santé font également du lien avec tous les dispositifs qui existent pour que les habitants puissent s'exprimer sur les sujets de santé tout en obtenant de l'information sur l'offre du territoire (pauses café – santé, cafés des parents en sortie d'école, « Petit déj de l'info », … C'est aussi l'occasion pour les médiatrices santé de participer à ces évènements afin de repérer les besoins et de réorienter les personnes vers leurs créneaux de rendez-vous individuels.  

Pour remplir sa mission, la médiatrice santé doit donc constituer un réseau solide. Pour cela, elles sont toutes implantées dans les centres sociaux des QPV de la ville. Elles sont ainsi au plus près des habitants ayant le plus besoin d'accompagnement. Des créneaux sont réservés à des temps de permanence pour des rencontres individuelles, sans prise de rendez-vous au préalable. Le reste du temps de travail est dédié à la participation à des réunions de travail pour construire le réseau de partenaires et pour faire connaitre les missions du médiateur en santé en intervenant, par exemple, sur des temps d'informations collectifs sur des sujets de santé. Le fait que les médiatrices santé soient implantées directement au sein des centres sociaux facilite ce travail de mise en réseau et de connaissance de leur rôle. Ainsi, elles connaissent très bien l'offre du quartier permettant de se soigner et de participer à des actions de prévention, en cohérence avec les habitudes des habitants, … Cela leur permet notamment de multiplier, en plus de leur permanence, des actions « d'aller-vers » pour aller au contact des habitants ayant des besoins d'accompagnement. Pour cela, elles peuvent participer à toutes sortes d'actions (café des parents en sortie d'école, journée viennoise de la santé, conférences, … ). En tant que médiatrice santé, elles ont un contact privilégié et facilité avec les personnes, ce qui permet de mieux promouvoir la santé, que ce soit dans l'objectif de suivre un parcours de soin ou d'être redirigé vers des programmes de prévention.  
Ainsi, les personnes rencontrées lors de rendez-vous individuels par les médiatrices santé peuvent être redirigés vers des programmes d'actions collectives. A l'inverse, les professionnels peuvent également rediriger une personne qui participe à des actions collectives vers des rendez-vous individuels. 

A l'origine, pour recruter les médiateurs santé, la ville avait fixé plusieurs critères correspondant à un profil « d'adulte relais ». La personne devait juste avoir plus de 30 ans, être en recherche d'emploi et vivre dans un QPV. Ce type de poste était alors financé à 80% par l'Etat. Ainsi, Vienne souhaitait mettre la priorité sur l'esprit d'ouverture et d'accueil du médiateur santé, sans besoin de connaissances solides en lien avec l'organisation de la santé, en pensant que le réseau avec lequel le médiateur serait amené à travailler permettrait d'assurer l'orientation du public. Cependant, voyant que les besoins d'accompagnement en santé étaient grandissant, la ville et ses centres sociaux se sont tourné vers des profils ayant de meilleures connaissances dans le domaine de la santé et du social pour mieux rediriger les bénéficiaires grâce, notamment, à une meilleure communication avec les soignants. Ainsi, le médiateur santé possède d'une plus grande capacité d'agir pour faire grandir le réseau en étant force de proposition auprès des professionnels de santé. Cependant, il reste tout de même important que le médiateur santé puisse avoir un profil permettant une certaine proximité avec les habitants, en lien avec leurs habitudes. Un juste milieu doit être trouvé entre les connaissances pures et l'expérience du médiateur santé. De plus, il est important que les 2 médiateurs santé du territoire aient des profils homogènes pour que le dispositif puisse fonctionner et proposer un accompagnement similaire dans tous les quartiers où il est implanté. Ainsi, les médiatrices santé viennoises travaillent toutes en étroite collaboration entre elles et avec les équipes des centres sociaux dans lesquels elles sont implantées.
Leviers et freins
  • Petite taille de la ville, constitue un territoire restreint : permet de construire facilement un réseau de partenaires
  • Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) de Vienne permet d’élargir le réseau de professionnels de santé facilement
  • Centres sociaux viennois très dynamiques et identifiés par la population : permet une mobilisation facile des habitants sur les actions proposées et de s’appuyer sur leurs actions pour promouvoir la santé
  • Partenariat avec l’ARS et animation (COPIL, dialogue de gestion annuel) : permet un ajustement du dispositif en fonction des besoins identifiés et des objectifs donnés par l’ARS, donc une pérennisation
  • Recrutement compliqué : métier peu connu, en cours de professionnalisation et de qualification pour une meilleure reconnaissance
  • Financement tri-annuel : manque de visibilité à long terme
  • Eléments de communication : Rapports et bilans – Flyers et affiches dont plaquettes des centres sociaux – Actions "d’aller-vers" : participation aux évènements du quartier, appui sur les dispositifs proposés par les centres sociaux – Réseautage (CPTS, Atelier Santé Ville) – Bouche-à-oreille (habitants et professionnels de santé et du social)
  • Partenaires : CCAS et centres sociaux de Vienne – Assistantes sociales du secteur – PASS Hôpital de Vienne – Programme de Réussite Educative – CPAM – PMI – Adate – CMS – Cabinets infirmiers et SSIAD – CEPF – Associations locales – Atelier Santé Ville – CPTS
  • Financeurs : ARS Auvergne Rhône-Alpes (70 % du temps de travail des médiatrices santé) – Ville de Vienne
  • Financement : 50 000 - 99 999 €

  • Outils et moyens :
    • - Temps de travail des 2 médiatrices santé : 0,8 ETP par médiatrice qui interviennent dans deux centres sociaux chacune 
    • - Locaux pour les rendez-vous individuels  
  • Indicateurs d'évaluation : Nombre de personnes accompagnées en rendez-vous individuels – Nombre d'action d'aller-vers réalisées par les médiatrices santé – Nombre de participation à des réunions partenariales – Satisfaction des personnes accompagnées
  • Résultats : En 2022, les médiatrices santé ont accompagné 272 personnes lors de rendez-vous individuels. Elles ont effectué au total 311 rendez-vous. 
    Elles ont pu participer à 8 actions collectives organisées pour les habitants des quartiers.
    Les personnes accompagnées lors de rendez-vous individuels expriment leur satisfaction, elles sont souvent redirigées vers des actions collectives et y participent, signe de la pertinence du dispositif de médiation en santé qui permet à la fois aux bénéficiaires de rentrer dans un parcours de soins et de participer à des actions de promotion et de prévention de la santé.
  • Reproductibilité : Pour reproduire ce type de dispositif, la ville de Vienne conseille, tout d'abord, de recruter le bon profil pour le futur médiateur santé. Pour cela, il est important de bien cadrer la mission, d'avoir un candidat avec des connaissances dans le domaine de la santé tout en étant proche de la réalité du quotidien des personnes qu'il est amené à accompagner. Il doit également avoir une réelle capacité à travailler en réseau. Dès le départ, les médiatrices santé viennoises ont participé à de nombreuses réunions/évènements pour construire leur réseau et faire connaitre leur rôle auprès des habitants. Par exemple, elles ont pu participer aux Ateliers Santé Ville afin de rencontrer les partenaires sur différents sujets (alimentation, activité physique, addictologie, environnement, …). Les CPTS sont aussi un dispositif idéal pour construire un réseau de professionnels de santé. De plus, il parait indispensable que le médiateur santé puisse être rattaché à une structure déjà implantée dans le quartier à l'instar des centres sociaux viennois. Cela permet à la fois de se faire connaitre et de mutualiser les compétences avec les équipes déjà présentes. Enfin, il est très important de pouvoir multiplier les actions « d'aller-vers » pour développer des accompagnements vers les personnes qui en ont le plus besoin et ainsi lutter contre les inégalités de santé. Cela nécessite une flexibilité horaire de la part du médiateur (mobilisation en soirée et les week-ends).

    Pour en savoir plus sur le dispositif de la médiation en santé, vous pouvez consulter le n°460 de "La Santé en action" publié par Santé publique France : "La médiation en santé : un nouveau métier pour lever les obstacles aux parcours de soin et de prévention"
     
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